Qui vivra verra, Qui mourra saura

Artiste
Minia Biabiany

Centre d'art
Crac Alsace / Centre Rhénan d'Art Contemporain

Date affichée
2019

Qui vivra verra, Qui mourra saura

Visuel
Minia Biabiany, Qui vivra verra, Qui mourra saura, 2019. Grès blanc, cordes, sel, non-tissés, filtres colorés. Courtesy de l’artiste. Production CRAC Alsace. Photo A. Mole.
Minia Biabiany, Qui vivra verra, Qui mourra saura, 2019. Grès blanc, cordes, sel, non-tissés, filtres colorés. Courtesy de l’artiste. Production CRAC Alsace. Photo A. Mole.
Body

Grès blanc, cordes, sel, non-tissés, filtres colorés. Dimensions variables.

Avec Qui vivra verra, Qui mourra saura, Minia Biabiany s’intéresse à l’oubli des savoirs structurant le jardin de case guadeloupéen. Le jardin de case est une des pre-mières formes d’appropriation et de construction du ter-ritoire pour les mis en esclavage de la Guadeloupe. C’est à la fois le lieu de la domestication de la nature et celui de la manifestation des relations sociales, notamment des relations entre les vivants et les morts*. Le jardin qui entoure la case est constitué de «coquilles» suc-cessives faites de plantes ornementales, médicinales ou thérapeutiques qui protègent, soignent ses habitant·e·sou embellissent cet espace privé mais visible. La case en elle-même se développe à partir d'un module de deux pièces d'environ 2,80 ×   5,60 m couvertes d'un toit à deux ou quatre pentes en tôle, base d'un processus d'agrandissement. Les portes sont au nombre de deux sur chaque grand côté et d'une sur les petits côtés. Les extensions se font en ajoutant de nouvelles pièces à partir des portes-fenêtres qui deviennent des portes intérieures—la case formant, au gré des besoins de la famille, un espace labyrinthique. Son organisation traduit un souci de protection grâce à un nettoyage soigneux des abords et la présence de plantes protec-trices préservant de tout acte de sorcellerie accompli par les esprits ou par le dépôt d’objets. La couleur des murs de la case traduit également la diplomatie de ses occupant·e·s avec les esprits, qu’ils soient bénéfiques ou maléfiques. Le bleu est significatif d’une protection maximale. Le rouge repousse les attaques et manifeste la puissance. Enfin, en fonction de sa couleur dominante et de la forme de ses feuilles, une même plante porte un nom différent devant ou derrière la maison. Plantée devant, «Qui vivra verra» favorise la longévité, et plan-tée derrière «Qui mourra saura» aide à la transmission des connaissances entre générations. L’organisation en coquilles du jardin de case est le lieu manifeste de la négociation et de la médiation avec l’invisible. Bien que sa structure existe encore aujourd’hui, sa signification a presque totalement disparu.

Bloc infos +

Minia Biabiany est née en 1988 à Basse-Terre, Guadeloupe (France). Elle vit et travaille à Saint-Claude, Guadeloupe (France).

Cette oeuvre produite en 2019 par le CRAC Alsace, Centre rhénan d’art contemporain, a été réalisée dans le cadre de l’exposition collective « Le jour des esprits est notre nuit » du 13 juin au 15 septembre 2019.


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