Seulgi Lee - Depatture
Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc

Loin des certitudes académiques, Seulgi Lee explore les récits collectifs et les traduit en objets hybrides, à la fois vernaculaires et ultra contemporains, abstraits et narratifs. L’artiste a souvent convoqué la figure de l’Autre : on se souvient d’objets rituels mystérieux au Palais de Tokyo (Bâton, 2009), ou encore d’un bus municipal masqué de poils dans le cadre d’Evento à Bordeaux ; plus récemment, elle a réalisé Le Mauge, un grand monstre minéral colonisé de mousses végétales qui semblait tout droit surgir d’une histoire ancienne, traversée de mythes et de fables : le creuset où pourrait advenir la fusion entre croyance populaire et sciences du vivant.
Empruntant souvent ses techniques à l’artisanat, l'artiste épure les formes chargées de traditions, jusqu’à ce qu’elles parviennent à incarner une compréhension sensible, intuitive du langage sculptural. À la croisée des expressions, du mot à l’image, de l’oralité au volume, elle découvre de nouveaux espaces communs, et d’autres manières de penser le dualisme entre corps et esprit, entre nature et culture, entre croyance et raison.
Ses œuvres sont souvent performatives : à Thouars, Seulgi Lee envisage la chapelle Jeanne d’Arc comme un lieu de rassemblement, de rencontres magiques où pourraient éclore le mystère, pris dans son acception d’événement surnaturel, mais se référant aussi au genre théâtral médiéval. Très sensible à l’histoire locale, l’artiste a collecté des récits courts, vécus, entendus ou inventés, et surtout, hors du commun. Cette matière surréaliste inspire la création d'un conte contemporain, dont l’exposition livre une version métaphorique.
Eva Prouteau