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Lors de sa résidence albigeoise, Jennis Li Cheng Tien a récupéré les morceaux de limon arrivés par la crue du Tarn les semaines précédentes dans les salles basses des Moulins, et a interpelé les habitants, architectes, auteurs et historiens susceptibles de lui raconter l'histoire de la rivière Tarn et ses effets sur la ville. Douze habitants des berges ont été sollicités pour prêter à l'artiste des récipients de verre, en lien avec les souvenirs d'une crue du Tarn.

Métaphores des habitations et des histoires individuelles, ces contenants ont été rassemblés aux Moulins Albigeois sur une table qui fait face à la rivière. Pour l' « Open Studio » qu'elle y a conçu, Jennis a présenté sur une étagère quelques uns de ses fragments peints, comme autant de trésors archéologiques.

Les contenants donnés par les habitants sont remplis d'eau et elle y dépose délicatement ses fragments. La terre se désagrège dans l'eau ; l'eau se trouble dans un premier temps ; puis un dépôt se forme progressivement. À la surface de l'eau ne reste que la « peau » de peinture, empreinte de la matière transformée, autre forme de mémoire ici créée. Au fond du récipient, le limon se remet en mouvement, dissolu, informe. Figé suite à un événement extraordinaire, rendu visible pour un court laps de temps, il retourne à son état initial, informe, insaisissable.