«À Ambroise et Aziza» - Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely

Date affichée
Du 17 janvier au 7 mai 2021

«À Ambroise et Aziza» - Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely

CAC Brétigny, centre d'art contemporain d'intérêt national

Visuel
Vue de l’exposition «À Ambroise et Aziza», Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely. Commissaire: Camille Martin. Théâtre Brétigny, 2021. Production CAC Brétigny. Photo: Aurélien Mole.
Vue de l’exposition «À Ambroise et Aziza», Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely. Commissaire: Camille Martin. Théâtre Brétigny, 2021. Production CAC Brétigny. Photo: Aurélien Mole.

Exposition au Théâtre Brétigny
Dans le cadre du cycle «L'esprit de famille» (janvier—mars)

Commissaire: Camille Martin

J’étais vraiment contente de savoir que la référence leur parlait. Quand j’échange avec Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely sur le texte qui doit être rédigé pour présenter l’exposition, j’évoque avec elle et lui l’expression très essonnienne «Que la famille». Élevée par certain·e·s comme devise voire principe moral, «Que la famille» signifie que nos proches, nos ami·e·s les plus sincères passent en priorité. Ici, «la famille» ne désigne pas exclusivement les liens de parenté mais tou·te·s celles et ceux qui nous ont prouvé leur loyauté. L’exposition rend un hommage fort à celles et ceux aimé·e·s; à commencer par son titre.

Désolée, mais je ne vous parlerai pas d’Ambroise et Aziza, à qui Neïla et Ibrahim dédient l’exposition. Le secret autour de ces deux figures m’aide à préciser ce que je ressens très intensément face aux dessins et peintures d’Ibrahim et Neïla: l’aura de leurs modèles. 

«Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est inspiré par ma famille, même quand ça n’a rien à voir avec ma famille. Par exemple, si je dessine un vampire, malgré moi il ressemblera à quelqu’un de ma famille parce que ce sont les visages qui m’ont le plus marquée. (…) J’ai vraiment conscience que j’apprécie ma famille aussi pour leur part, je ne dirai pas de mystère… mais: tu étais où pendant 7 ans en fait? Ce qui les rend encore plus étranges, encore plus magiques.»—Neïla 

Ce sentiment, entre étrangeté et magie, je l’éprouve dans les regards, dans les postures des personnages de Neïla. L’artiste ajoute des éléments fantastiques qui rendent visibles ses intimes sentiments pour les êtres proches qu’elle représente.

«Je me rappelle la première fois que j’ai dessiné Lounseny, un ami. Juste avant, il m’avait accompagnée à un taff de merde et je l’avais pris en photo. Sur Instagram, ensuite, j’avais rajouté un filtre avec des ailes d’ange. Et quand je suis rentrée à la maison, je l’ai dessiné avec des grandes ailes d’ange parce qu’à ce moment-là, je l’ai vu comme ça.»—Neïla

Ses personnages paraissent si familiers, si proches de notre réalité que je tire un plaisir tout particulier à les voir déplacés ailleurs. Lounseny devient un héros moderne ailé. C’est ce jeu avec la frontière entre le réel et l’irréel que j’observe également dans les œuvres d’Ibrahim. Ses peintures se passent ailleurs: parfois dans un monde imaginaire hanté par le monde contemporain, parfois l’inverse.

«Moi, en fait, j’ai envie d’aller à des endroits où on peut s’autoriser à être bizarre, dans des récits où on t’attend pas du tout. Dans Dragon Ball Z, les personnages vivent dans un monde qui n’existe pas mais leurs valeurs sont proches des nôtres. Ça fait que Goku, le mec avec une coupe bizarre de nuage, on peut se sentir proche de lui sans que ça soit super affirmé qu’il vient de là, là ou là.»—Ibrahim

Les histoires racontées dans les mangas, les comics ou les jeux-vidéos font partie d’une mythologie contemporaine maîtrisée par toute une génération. Ibrahim intègre ces références dans ses peintures et ce n’est pas anodin. Forme de nouvelle iconographie, les clins d’œil à ces récits deviennent des symboles à décrypter qui parlent de nos valeurs et principes moraux.

«Du coup dans mon travail, c’est hyper important de porter tout ça, de porter ce que je connais, ce que j’ai vu, ce que j’ai vu de marrant et de moins marrant en grandissant dans mon quartier. (…) Il y a toujours l’importance du contexte, mais il y a aussi une part de c’est bon, j’ai le droit de faire exister mes idées en dehors de l’endroit où j’ai grandi.»—Ibrahim

Ce que dit Ibrahim me touche beaucoup et très personnellement. Je partage avec lui l’envie, ce «droit», d’aller et d’être ailleurs. Au fond, c’est en ça que ses peintures sont salvatrices pour moi. Derrière ce déplacement se cache une quête identitaire plus profonde: qui suis-je quand je ne suis pas là où vous m’attendez?

«Pour mes rêves, la Terre est trop petite»—N.O.S, Shenmue

Camille Martin

CAC Brétigny
Centre d'art contemporain d'intérêt national
rue Henri Douard
91220 Brétigny-sur-Orge

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