Les images de Noémie Goudal entrelacent différents récits et oscillent entre le réalisme des découvertes scientifiques dont elle s’inspire et l’artificialité d’un décor construit. Si dans un premier temps l’illusion est parfaite, l’artiste prend soin de laisser apparents des indices qui dévoilent, en partie, le processus de fabrication de l’image. Cette dernière n’en perd pas pour autant sa magie, au contraire. Loin des effets spéciaux et des logiciels de photomontage, Noémie Goudal expérimente la construction de l’image sur le terrain de manière empirique, ancrant la fiction et l’artifice au sein de la nature. Les paysages qui en découlent nous emmènent vers un ailleurs indéterminé.

Au Grand Café, Noémie Goudal nous convie à un voyage vertigineux à travers des strates de temps et d’espaces. Elle présentera dans l’exposition sa nouvelle série « Post Atlantica » qui a pour point de départ des recherches scientifiques en paléoclimatologie. Ses nouvelles installations vidéos et photographiques partent d’une fascination commune pour les mutations extrêmes de paysages dont le temps géologique nous dépasse. Forêts tropicales, montagnes, déserts, etc. sont autant de motifs génériques, soumis à la force des éléments naturels (l’eau, le feu) pour appréhender les changements climatiques de demain. Cette dernière série est envisagée comme une chorégraphie de paysages où le ballet mécanique des décors photographiques met en scène la Terre comme une entité mouvante à l’écosystème fragile.

La scénographie de l’exposition perturbera nos repères par une mise en espace de l’apparition de l’image et de sa disparition, voire de son hors champs. Cette mise en abyme de la fabrique des images placera le.la visiteur.se au cœur d’une aventure de la représentation et du regard, convié.e à un jeu de perception, d’observation et de vision, pour finalement poser la question plus large de ce que nous regardons, et de ce qui nous regarde.