Guerre et paix du vivant - Diane Trouillet
La Cuisine, centre d'art et de design

Créer dans un monde qui se détruit…
Puisque notre activité humaine a des répercussions sur notre environnement, à l’ère de l’Anthropocène, comment créer autrement ? Comment renouveler les formes, se réapproprier la technique, s’extraire du progrès, collaborer avec le vivant humain et non humain ?
Car il est bien question ici de rendre visible les liens invisibles qui nous unissent au vivant, qui font de nous des vivants.
La période de pandémie que nous affrontons actuellement ravive ces enjeux autour de la question de la nature. Les virus nous démontrent notre interconnexion avec notre écosystème aussi éloigné qu’il semble paraître. Françoise D’Eaubonne écrivait que « c’est une urgence que de souligner la condamnation à mort, par ce système à l’agonie convulsive, de toute la planète et de son espèce humaine ». Il faut donc revenir à l’idée que nous sommes pris dans un tissu complexe du vivant. Nous avons anthropisé la Terre, rompu les barrières biologiques avec le monde sauvage ... à nous maintenant de reconsidérer le monde d’après. Il nous faudrait « habiter le trouble » selon Donna Haraway, comme une invitation à penser, à ouvrir de nouvelles possibilités de cohabitation et de continuation dans des temps de bouleversements écologiques et de violences natureculturelles sans précédent.
Nous avons besoin d’îlots qui collent au temps pour mettre à l’épreuve les différentes façons d’être terrestres. Il existe une multitude d’interactions écologiques : de la symbiose au parasitisme, du mutualisme au commensalisme, du neutralisme à la prédation... alors quoi de mieux qu’un laboratoire pour étudier les liens du vivant ? Un laboratoire permettant de questionner le soin qu’on apporte et celui que l’on reçoit. Selon Cynthia Fleury, une société du care est une société du "prendre soin" où on comprend que nos interdépendances sont des forces. "Des forces pour nous permettre de transformer le monde de la façon la plus créative possible et de la façon la plus solidaire". Cette société où la coopération a toute son importance vaut aussi pour le vivant et les écosystèmes. Les modes de compositions diplomatiques et les négociations avec le vivant sont des actions du quotidien, de notre quotidien à tous.tes.
Comme le dit Vinciane Despret, il est crucial d’apprendre de nouvelles manières plus attentives de nous rapporter aux êtres (virus, bactéries, animaux non-humain, végétaux) car nous ne pouvons déclarer la guerre au vivant. Les liens qui nous unissent façonnent la complexité de notre environnement. L’invasif et l’intrusif, le vivant et l’inerte, la nature et la culture sont des axes à explorer.
Interroger "la possibilité de créer dans un monde qui se détruit" à partir des communautés multi-espèces est un plaidoyer vivant, une invitation à faire preuve de curiosité, première condition d’une survie collaborative. En ces temps de changement, nous avons besoin d’emprunter des chemins qui n’existent pas, de présenter des formes inconnues, de transformer ce que nous savons du monde actuel…
Vernissage samedi 6 novembre à 12h30
La cuisine, centre d'art et de design
Esplanade du château
82 800 Nègrepelisse
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