Communiqué d.c.a - Réaffirmation du rôle des centres d'art / 15 décembre 2011

Communiqué d.c.a - 15 décembre 2011   

Réaffirmation du rôle des centres d'art

 

Alors que le Ministre de la Culture et de la Communication a signé une circulaire – 32793 en date du 9 mars 2011 – réaffirmant la place essentielle qu'occupent les centres d'art en France, on observe depuis près de deux ans la fragilisation voire la disparition de structures ou de projets. Si les centres d’art recouvrent des réalités très différentes en terme de financements ou de tailles, ils n'en sont pas moins des éléments articulés d'un réseau d’acteurs, d’artistes et de publics qui permet d'assurer les conditions d’existence et de visibilité de l'art contemporain en France et à l'étranger. Dans l’écosystème des arts plastiques, leur mise en péril peut affecter le champ culturel dans son ensemble.  

Le maillage des 48 centres d’art fédérés par l’association d.c.a sur tout le territoire constitue une force de recherche, d’expérimentation et de production, de diffusion et de transmission de la création contemporaine auprès de tous les publics. Leur rôle auprès des artistes en matière d’accompagnement intellectuel, opérationnel, professionnel et social est déterminant. 

Et pourtant, à l'heure où l'art contemporain fait l’objet d’un véritable engouement public et représente une valeur économique ajoutée réelle dans les régions, jamais les artistes, les professionnels, les intellectuels et les publics de l'art contemporain n’ont été aussi peu considérés dans les débats politiques. Ce constat met en lumière la fragilité structurelle des centres d'art qui se trouvent aujourd'hui confrontés à des choix politiques qui font souvent fi de leurs missions. Certaines politiques culturelles s'appuient sur une méconnaissance globale des enjeux du secteur au profit de la « culture » au sens large promouvant des événements dont on ne sait pas finalement s’il s'agit de communication, de promotion locale ou d’animation, au détriment d'un véritable engagement aux côtés des acteurs de l'art contemporain. La politique culturelle en faveur des arts plastiques, devient une gageure qui masque l'absence d'ambition à long terme et la frilosité des tutelles financières à s'engager au plus près des artistes et des professionnels du secteur.

L’association de développement des centres d'art d.c.a, aux côtés du CIPAC et plus récemment du Syndéac, œuvre pour la professionnalisation du secteur de l’art contemporain, justement présentée comme une priorité par le Ministre de la Culture et de la Communication dans l’annonce des quinze mesures pour les arts plastiques. Nous menons, en concertation avec les organisations professionnelles des artistes plasticiens, une véritable réflexion sur les conditions de production d'œuvres (contrats), le statut des équipes (convention collective). 

Si le développement de projets de « réseaux à réseaux » a enfin pu voir le jour notamment avec les Kunstvereine en Allemagne (projet Thermostat), prouvant ainsi qu'un positionnement de cette activité à l'échelle européenne était réel et efficace, force est de constater qu'une fois de plus ces avancées reposent sur des temporalités et des enjeux qui sont éloignés de la réalité quotidienne des centres d'art, à qui l'on demande toujours plus et dont les budgets – à de rares exceptions près – n'ont de cesse de diminuer.  La réforme annoncée des collectivités locales, les difficultés financières que ces dernières rencontrent effectivement conduisent à des décisions unilatérales, des mutualisations hasardeuses, des remises en cause de projets parfois violentes. Ce climat anxiogène s'accompagne de surcroît dans certains territoires d'une absence de dialogue et de transparence dont les directeurs de structures et leurs équipes sont les premières victimes. 

Trente ans après leur apparition, alors que l'on s'apprête à célébrer la décentralisation et les bienfaits du maillage – notamment culturel – des territoires, il est temps de consolider et d'ancrer les projets des centres d'art, de développer leurs moyens et de leur assurer une véritable reconnaissance institutionnelle à l'instar des théâtres ou des bibliothèques. À l'heure où se profilent des enjeux électoraux importants, nous souhaitons saisir l'ensemble des élus et des personnels politiques de toutes ces difficultés et nous demandons : 

  •  Des moyens et des garanties sur la durée pour mener à bien l’ensemble des missions rappelées dans la circulaire des centres d’art
  • Des procédures transparentes pour la désignation des directeurs de centres d’art qui respectent les engagements pris dans la circulaire
  • Des critères clairs et objectifs pour l’évaluation de nos activités
  • Un travail de concertation et de dialogue réel et constructif entre l’Etat et les collectivités territoriales pour que cessent les enjeux contradictoires qui fragilisent les lieux et les professionnels qui les animent
  • Un dialogue réel avec l'ensemble des partenaires financiers, y compris, avec les opérateurs administratifs, dans le respect de nos champs de compétences propres
  • Des conditions de travail et des salaires dignes pour les équipes

 

Le bureau d.c.a

 

Claire Le Restif (directrice du centre d’art contemporain d’Ivry-Le Crédac), Yann Chevallier (responsable du projet artistique du Confort Moderne), Ulrike Kremeier (directrice du centre d’art passerelle), Marianne Lanavère (directrice de La Galerie Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec), Sandra Patron (directrice du Parc Saint Léger - Centre d’art contemporain)

 

Communiqué publié le 15 décembre 2011

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