Laure Mathieu - La Flotte Bleue

Date affichée
du 2 juin au 18 août 2018

Laure Mathieu - La Flotte Bleue

Passerelle Centre d'art contemporain

Visuel
Laure Mathieu, Galaxie / Souffle, 2018
Laure Mathieu, Galaxie / Souffle, 2018

Le titre de l’exposition personnelle de Laure Mathieu à Passerelle Centre d’art contemporain invite au voyage. Il évoque une armada azuréenne sur les flots de la Cité du Ponant. À la lecture de celui-ci, en amont de la visite, on se verrait volontiers poétiquement embarquer sur un trois-mâts et appareiller pour quelque destination exotique.

En l’occurrence, la « flotte bleue » à laquelle fait référence la jeune artiste française est un regroupement d’espèces aquatiques qui évolue entre mer et air, entre deux mondes, deux éléments antagonistes qu’il participe à réunir, comme une frontière, comme un filtre. De leurs appellations latines « velella velella », « physalia phisalys » ou encore « janthina janthina », ces petits organismes bleus, à peine visibles, flottent à la surface des océans et errent au gré des vents.
Pour Laure Mathieu, ils constituent aussi bien un décor planté qu’une métaphore poétique et méthodologique de son projet. Car c’est bien de visibilité – et, de fait, d’invisibilité – et de dissémination qu’il s’agit ici.

Poursuivant une pratique de l’écriture et de la fiction qui, depuis quelques années, fonde son travail, l’artiste a choisi d’adresser une série de lettres anonymes à différents acteurs de la ville de Brest : élus, blanchisseuses, visiteurs du centre d’art contemporain, etc. Et l’artiste de penser la diffusion de ces missives par le camouflage ou plutôt par la dissémination insidieuse dans l’espace urbain et social sur différents supports aussi inattendus que le ticket de tram imprimé ou le vêtement sérigraphié. Les lettres voyagent dans la ville au rythme des déplacements quotidiens des salariés de Passerelle. Pourront-elles être lues, déchiffrées par les brestois ? Peut-être, peut-être pas. Toujours est-il qu’elles habitent la ville.

Quant à leur contenu, il relève de la fiction ou de la réécriture d’histoire. Laure Mathieu part notamment du blockbuster hollywoodien Les Conquérants (1956) de Dick Powell dont les scènes extérieures furent tournées à proximité des zones d’essais nucléaires de l’armée américaine dans le désert de l’Utah. Exposés aux tempêtes de sable chargées en particules radioactives, plusieurs membres de l’équipe, y compris la star John Wayne, furent hautement contaminés jusqu’à développer des cancers. Histoire de dissémination et d’invisibilité, toujours.

Centre d'art contemporain Passerelle

41, rue Charles Berthelot
29200 Brest

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