Christian Lapie
Centre d'art contemporain / Passages

« Conçues à l’origine en écho à certaines situations mémorables au regard d’une histoire ou d’un site et puissamment ancrées à ceux-ci, les figures de Lapie ont gagné une autonomie pour s’ériger en toute indépendance narrative dans une relation directe à l’espace. Pour tout dire, d’un poids singulier que rien ne semble pouvoir altérer, comme si le temps ne pouvait avoir aucune prise sur elles. Les figures en bronze de Lapie n’ont pas d’âge, sinon « cet air, à la fois doux et dur, d’éternité qui passe », comme l’a magnifiquement formulé Jean Genet à propos des sculptures de Giacometti.
Au dessin, Christian Lapie accorde depuis quelques années de plus en plus d’attention. S’il y recourt pour mettre à plat et à vue les projets sur lesquels il travaille, de sorte à en évaluer tous les possibles, il l’exerce pareillement pour lui-même, hors toute intention d’autres réalisations, lui offrant une liberté de geste nouvelle. L’artiste y fait preuve d’un sens appuyé de l’espace qu’accuse notamment sa façon de jouer en contrepoint du trait et de la masse, des pleins et des vides, du dense et du limpide, en usant de pointe de graphite volontiers combiné avec du lavis. Quelque chose d’un flux, sinon d’une immatérialité s’empare alors de ses figures qui paraissent se détacher de tout ancrage au sol pour s’élever en de secrètes régions où souffle l’esprit. »
Philippe Piguet 2017
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Cette exposition personnelle est la seconde de Christian Lapie au Centre d’art contemporain / Passages, en l’espace de vingt-deux ans. En dehors d’une série de pièces récentes, l’artiste marnais expose, pour la première fois, dans un même lieu, un ensemble complet de six productions plastiques acquit par le Fonds régional d’art contemporain / Frac Champagne-Ardenne, également impliqué dans l’organisation de cet événement. La totalité reflète une production des différentes techniques usées par l’artiste.
L’événement troyen tout comme l’oeuvre de Christian Lapie questionne notre mémoire individuelle et collective. Ses installations de figures spectrales naissent de lieux choisis, empreints d’histoire, quel que soit le continent ces figures sans bras ni visage, monumentales et puissantes, interrogent et déstabilisent. Et le critique Philippe Piguet de surenchérir : « Le devoir de mémoire auquel il est fait allusion est un devoir civique, tout simplement humain. »