GENS QUI S'ELOIGNENT - ANNE BOURSE
Galerie Edouard Manet / Ecole municipale des beaux-arts

« Gens qui s’éloignent » est la première exposition personnelle d’Anne Bourse dans un centre d’art d’Île-de-France. Le titre, emprunté au poète chilien Roberto Bolaño, décédé en 2003, évoque avec une certaine mélancolie l’absence du corps dans une installation qui pourtant ne cesse de le convoquer.
Constituée d’ersatz d’objets manufacturés par une économie globalisée, des lampes, des matelas, des tapis, des tissus, des vêtements ou encore d’un simili miroir, elle métamorphose l’espace de la galerie en un lieu intime, un cocon d’où émane une énigmatique douceur.
Anne Bourse entretient une relation affective avec les objets qu’elle s’approprie et « reproduit » dans une pratique déviante, entre art et artisanat. Elle investit leur surface par une pratique performative et compulsive du dessin en laissant libre cours à la divagation, à l’hybridation, à la projection d’images mentales, de conversations à mots secrets selon les principes décoratifs de l’ornementation. Ses objets sont autant peinture que sculpture.
Au bien fait et produit vite de l’industrie, Anne Bourse privilégie l’imperfection du fait-main et la lenteur du travail. Pour autant, elle évacue les notions de labeur et d’aliénation. Il s’agit davantage d’une relation à la production, la sienne, qui l’isole dans une pratique addictive et répétitive et qui, paradoxalement, lui offre un espace de disponibilité à l’autre, à la pensée et au monde.
Éprouver une exposition d’Anne Bourse, c’est accepter de se laisser emporter dans une expérience qui se dérobe à toute approche signifiante et se défie de toute finalité, pour se nourrir d’une relation intime, sensible, poétique et onirique à l’art et au monde. C’est en sortir habité, comme autant de gens qui s’éloignent, pour mieux revenir.
L.B.
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Le travail d’Anne Bourse est parcouru de lignes et lettres tourbillonnantes qu’on dirait sorties de cartoons burlesques ou de fresques psychédéliques. Elles envahissent la surface de livres, vêtements et papiers en tous genres. Mais bien que sa pratique se décline en différents médiums, parmi lesquels la peinture, le dessin, ainsi que les productions textiles ou textuelles, elle est avant tout rythmée par le mouvement continu d’une écriture de soi.
Son travail est représenté par la galerie Crèvecoeur (Paris).
Il a été présenté lors d’expositions personnelles dont, dernièrement : « Different times, different Paul », Crèvecœur, Paris (2021) ; « Ricochette », duo show with Cécile Bouffard, Le Berceau, Marseille (2021) ; « Solitaire », duo show with Julian Hou, Cassandra Cassandra, Toronto (2019) ; « Nighttimejloof who never let me pets him », La Plage, Paris (2019) et dans des expositions collectives, parmi lesquelles, prochainement : « There is a crack, a crack in everything. That’s how the light gets in », Martina Simeti, Milano (2022) ; et dernièrement : « Children Power », Frac IDF, Le Chateau Rentilly (2021) ; « I have no children but I’m a mother », Volonté 93, Saint-Ouen (2021) ; « Futur, ancien, fugitif », Palais de Tokyo, Paris (2019-2020) ; « Take (a)back the economy », CACC, Clamart (2019) ; Medusa, Ill Fame, Perth (Australie, 2019) ; « Futomomo », CAC Brétigny, Brétigny-sur-Orge (2019) ; « 100 artistes dans la ville », duo show with Mimosa Echard, MOCO La Panacée, Montpellier (2019) ; « La villa », Villa Belleville, Paris (2019) ; « Poésie Prolétaire », Fondation Ricard, Paris (2019).
Anne Bourse est née en 1982 à Lyon. Elle vit et travaille à Paris.
Vernissage mercredi 26 janvier, 18h-21h
Rencontre avec l'artiste samedi 12 février, de 14h30 à 16h30.
Galerie Edouard Manet / Ecole municipale des beaux-arts
3 Place Jean Grandel
92230 Gennevilliers