Maude Maris - Souvenir de Téthys
Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc

SOUVENIRS DE TETHYS
Derrière ce titre aux accents exotiques et sentimentaux, Maude Maris rend hommage à un paysage, celui du Thouarsais, particulièrement riche en fossiles marins. Sous le signe de la mémoire et de la rémanence, ses Souvenirs de Téthys réveillent une ère mythologique primordiale, un temps où la déesse marine Téthys, fille d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), sœur et épouse d'Océan, régnait sur le monde recouvert d’eau.
Si l’artiste en réfère à cette fiction mythique, c’est pour mettre en exergue le champ archéologique, domaine dans lequel Téthys a donné son nom à un paléo-océan : il y a 180 millions d’années, l’Europe occidentale ressemblait à un vaste archipel, et la région de Thouars était entièrement submergée sous ses eaux.
Maude Maris entrelace plusieurs temporalités dans l’exposition : le temps des récits poétiques qui mettent en jeu l'ordre du monde par la voie sensible ; et celui de la science et des archéologues comme Alcide d’Orbigny, dont les recherches sur le stratotype du Toarcien ont fait de cette période une référence chronologique internationale. Contextuelle, imaginaire et scientifique, saisie entre le temps géologique et le temps humain, cette histoire enfouie sous nos pieds impulse le scénario d’ensemble.
MONDE FLOTTANT
Dans les peintures de Maude Maris, ils sont partout présents, acteurs d’une gestation étrange : les objets, ambigus, parfois très caractérisés, parfois plus indéfinissables.
D’où viennent-ils ? L’artiste les sélectionne dans son éclectique collection de choses, qui comporte de vrais fossiles mais aussi des bibelots et de petits jouets en plastique. Maude Maris « refabrique » ces objets, elle les moule en plâtre, puis elle les manipule, les déplace comme des corps à chorégraphier, leur invente un rythme de cohabitation, dans lequel la lumière joue un rôle essentiel. Photographiés, ils sont dès lors prêts à entrer dans la peinture, et à questionner leur relation à l’espace pictural.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette relation est flottante : dans les quatre nouvelles toiles présentées à la chapelle Jeanne d’Arc, pas de point de fuite ni d’ancrage mais une sensation de lévitation et de suspens, avec des ombres projetées déstabilisantes, et des fantômes d’objets qui spectralisent l’ensemble de la composition, feuilletée à l’infini par le travail des glacis. Flottantes, ces formes sont aussi inclusives : elles dilatent le temps et rassemblent des passés fragmentés.
Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc
2 rue du Jeu de Paume
79100 Thouars