Nadira Husain - Pourquoi je suis tout bleu

Date affichée
du 30 juin au 22 septembre 2018

Nadira Husain - Pourquoi je suis tout bleu

Villa du Parc - Centre d'art contemporain

Visuel
Nadira Husain, Le temps suspendu, 2018, Teintures, sérigraphie et peinture (tempera et acrylique) sur toile, 65 x 45 cm, © Nadira Husain
Nadira Husain, Le temps suspendu, 2018, Teintures, sérigraphie et peinture (tempera et acrylique) sur toile, 65 x 45 cm, © Nadira Husain
La Villa du Parc propose durant l’été la première exposition personnelle dans une institution française de Nadira Husain (1980), artiste française d’origine indienne installée à Berlin. Inspirée par les associations flottantes et inattendues que favorisent l’enfance et la rêverie, Nadira Husain mixe dans sa pratique picturale des motifs et des techniques issus des cultures traditionnelles indiennes et populaires occidentales avec lesquelles elle a grandi. Elle crée des peintures polyphoniques et hybrides où s’exprime dans l’entremêlement des lignes une diversité de références traitées sans hiérarchie et sans centre. Les dimensions domestiques, ornementales et spatiales se conjuguent à une approche féministe des sujets et des stratégies de représentation. Elle investit la Villa du Parc dans un lointain écho à sa maison de famille d’Hyderabad, en imaginant un parcours foisonnant où peintures de femmes puissantes et de créatures composites se déploient joyeusement dans l’espace et y disséminent leur potentiel politique de transformation.  
 
« Pourquoi je suis tout bleu » s'interrogent par cette question non dénuée d’affirmation positive les créatures qui peuplent l’univers pictural prolifique de Nadira Husain.  Schtroumpfs, divinités hindoues et avatars de la culture cyberpunk et furry partagent cette couleur de peau choisie précisément parce qu’elle n’est pas celle des humains. Le bleu ouvre à la communauté des êtres à l’identité trouble et ambivalente. 
Les théories féministes depuis les années 70-80 ont supposé que le meilleur moyen de s’affranchir des binarités propres au système patriarcal oppressif passait par ce type de créatures fantasmées par la science-fiction et les cultures underground : cyborg, amazone, êtres androgynes, etc. Autant de figures interrogeant la différence, dont la capacité à se transformer et la plasticité physique et intellectuelle travaillent les limites de la communauté et remettent en cause les rôles qu’assignerait une « nature » complaisamment machiste. 
 
La Villa accueille ainsi pour l’été le panthéon d’un genre nouveau de l’artiste Nadira Husain, où l’on se familiarise avec les femmes-fondations à la peau tachetée, enracinées et porteuses, les créatures thérianthropes enceintes de personnages de bande dessinée, et autres personnages aux membres démultipliés qui prolifèrent et ensemencent toutes les pièces de la maison. Le style husainien, dense et fertile, privilégie la saturation de la toile et l’enroulement des lignes, la réplication des motifs et la superposition des figures dans une approche décorative et ornementale de la peinture, s’élargissant au mur, au sol, à l’espace alentour. 
Pour cette exposition qui mêle à ces récents travaux un certain nombre d’œuvres nouvelles, Nadira Husain a conçu un parcours évoluant sur les deux étages. Le rez-de chaussée s’ancre dans le sol, où s’affirment des figures d’ « Empowerment », autogénératives, autoconscientes et en lutte. Telles des cariatides, elles soutiennent ceux maintenus sous le joug du pouvoir et des inégalités – femmes, minorités, migrants – qui prennent ici leur autonomie.  
L’étage, tout en apesanteur, propose une circulation entre l’intérieur et le jardin et déploie des créatures ailées dans un espace aéré propice à la rêverie. Les dessins au mur, sur tissu, ou sur des carreaux de céramiques, figurent des volées d’oiseaux inspirées de la poésie soufi persanne et des personnages mythologiques empruntant à la tradition musulmane et à l’histoire de la bande dessinée qui s’emmêlent et se prolongent entre elles.  
Nourri par l’effervescence de toutes ces influences, chacun pourra sans doute songer à ses propres positions et à repenser le monde proche de l’espace domestique au contact de la lointaine fantasy, et dans le voisinage de celles et ceux qui sont figurés avec tant d’aisance et d’allégresse dans la Villa du Parc.

Villa du parc
Parc Montessuit
12, rue de Genève
74100 Annemasse

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