Piotr Klemensiewicz
Abbaye Saint-André, Centre d'art contemporain

Piotr Klemensiewicz est né en 1956. Il est diplômé de l’école supérieure des beaux-arts de Marseille (actuelle ESADMM) en 1979, où il enseigne à partir de 1986. Il vit et travaille à Marseille.
INTENTION
Le travail de Piotr Klemensiewicz n’est ni véritablement abstrait, ni proprement figuratif, encore qu’on y rencontre des formes identifiables comme des maisons, des cheminées d’usine ou des encriers, ou qu’il présente certains tableaux comme des paysages. Il se situe dans un entre deux que l’on pourrait nommer « Abstraction Figurative », proche de l’évocation plutôt que de la représentation. Il se réfère à des réalités matérielles, topographiques et visuelles et à une charge émotionnelle qu’il sédimente, filtre, rumine, épure, dont il ne retient que les éléments constitutifs essentiels : couleur, lumière, texture, non pas sous la forme d’une nomenclature, mais rassemblées dans une vibration sensitive. Ses « Paysages » sont des essences de paysage comme les huiles essentielles par rapport aux plantes. Une conceptualisation, une abstraction concrète qui ne résulte pas d’un pensée rationnelle descendante, mais sourd apurée, après un long cheminement, un ruminement intérieur, mémoire d’une émotion filtrée dans le souvenir. Il y a du palimpseste dans ses « Paysages ».
Les bandes monochromes verticales ou moins souvent horizontales, pratiquent le même écart à l’égard de la peinture en elle-même dont la nature profonde est de dynamiser la surface en captant la lumière, au moyen d’une juxtaposition de couleurs traitées ici de manière égale. Leur effritement à la base, évoque aussi bien la conclusion d’un coup de pinceau rapide que (par ce délitement) la longue histoire de la peinture.
Ce déplacement du rapport au réel, la transcription qu’il opère, s’origine sans doute dans son histoire personnelle (toute création recèle une part autobiographique) marquée par l’exil de ses parents depuis la Pologne. Territoire perdu que peine à reconstituer la mémoire et, pour lui qui ne l’a pas connue, le bruissement des mots, de rares photographies qui ne transmettent qu’une réalité labile, lacunaire que l’émotion doit assembler pour lui donner une cohérence. Un entre deux mémoires, celle qu’il vit et celle qu’il s’imagine.
Les bandes, les écrans badigeonnés ou les damiers, dans une série au titre explicite Never Been Here - NBT, cachent (occultent) un paysage photographié à deviner. La maison, un quasi-hiéroglyphe, se réduit à un signe iconique, ossature sans épaisseur. Associée au tapis kilim qui lui sert d’assise, elle symbolise le territoire, au moins un espace intérieur. A moins que ce collage ne soit une métaphore du souvenir (cette illusion de mémoire, diffuse et reconstruite) qui à la manière d’un tapis volant relierait d’un souffle des espaces éloignés ou des temps inaccessibles. L’encrier renvoie à l’écriture, aux mots qui conservent et témoignent, comme la peinture, pour les temps à venir.
Jean-Paul Blanchet, 2020.
Piotr Klemensiewicz s’est vu confier pour cette 15e édition, la réalisation du Calendrier de l’Avent, visible du 1er décembre 2020 au 6 janvier 2021 sur la façade de l’abbaye. Il est éclairé de 17h à minuit.
Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain
Place du Bûcher
19250 Meymac