Spolia

Date affichée
du 13 octobre 2018 au 6 janvier 2019

Spolia

Le Grand Café - Centre d'art contemporain

Visuel
mountaincutters, Etude du doute – fruits calcinés, 2018 © mountaincutters
mountaincutters, Etude du doute – fruits calcinés, 2018 © mountaincutters

Avec : mountaincutters, Etel Adnan, CADA (Colectivo Acciones de Arte), Danièle Allemand et Stéphane Gérard (initiateurs de l'atelier Phénomènes), Manuel Joseph, l'art du Kintsugi (Catherine Algoet/mountaincutters), Moondog, Pier Paolo Pasolini, W.G. Sebald, Richard Serra, Christophe Tarkos

Première exposition du cycle « Généalogies fictives » proposé par le commissaire Guillaume Désanges à l'invitation du Grand Café - centre d'art contemporain, Saint-Nazaire.

« Under construction, everything is only half complete.
In ruins, all is complete. »

Le Prince, Béla Tarr, Les Harmonies Werckmeister, 2000

Identité hybride, le jeune duo mountaincutters pratique la sculpture in situ, contaminant radicalement l’espace des lieux où il / elle expose.
En écho à cette identité trouble répond une incertitude esthétique, qui privilégie les situations transitoires et les formes inachevées pour des compositions a priori fortuites, à la beauté sauvage. Matériaux corrompus et objets salis, poussière, terre et rouille envahissant surfaces et sols, dalles de bétons brisés, céramiques grossières, eau en circuit continu, les installations de mountaincutters sont des traces d’activités improbables, suspendues entre construction et destruction, architecture et archéologie, s’apparentant parfois à un chantier abandonné.

Un caractère brut, pour ne pas dire brutal, dont l’« informe » suscite une part de doute et de malaise, mais aussi une certaine fascination pour la ruine. Cette aridité manifeste ne masque pas la rigueur ni la précision de compositions discrètement théâtralisées, voire spectaculaires, qui impliquent toujours une activité « en creux ». De fait, tout ici résonne d’un corps absent, dont les sculptures seraient les prothèses, appendices rudimentaires et insuffisants figés dans une logique fonctionnelle dont la finalité nous échappe. Et si c’était une scène de théâtre, ce serait celle de la tragédie, ou plus précisément de ses résurgences à l’ère industrielle. De fait, la pratique sculpturale de mountaincutters a quelque chose de littéraire. Elle s’accompagne d’un travail d’écriture, poésie brute rédigée à la première personne, qui ouvre un pendant organique aux structures matérielles. Parfois, c’est la présence de photographies argentiques qui engage des amorces de narration. Dès lors, c’est un insondable mystère qui se dégage de cette « oeuvre », qu’on entend ici au double sens étymologique de travail et d’opera, c'est-à-dire lié à la peine, à la modification des corps, mais aussi à l’énigme de la création.

Le projet d’exposition Spolia propose de déplier le travail des mountaincutters à travers une vaste installation qui inclue des productions nouvelles (dont des sculptures, dessins, vidéos), mais est aussi le réceptacle d’autres formes : films, objets, textes, documents, oeuvres, etc., choisis par le commissaire et les artistes en écho à leur travail. Des peintures d'Etel Adnan aux artefacts produits pour la réplique de la grotte Chauvet, de la démarche poético-politique de Pasolini à la musique expérimentale de Moondog, en passant par la poésie de Christophe Tarkos ou de Manuel Joseph, ces éléments hétéroclites forment une sorte de « généalogie fictive » déployée dans l’espace. Une zone de tension sourde qui laisse percer à sa surface, comme par capillarisation, des vestiges refoulés.

Le titre de cette exposition à la fois collective et individuelle, Spolia, est tiré d’un mot latin qui désigne en architecture l’utilisation d’un fragment d’un ouvrage existant pour l’intégrer à un nouvel ensemble. Les origines troubles de cette pratique selon les époques et les lieux, entre nécessité, hommage et exhibition dominatrice du bien « spolié », sied parfaitement au caractère foncièrement archéologique du travail des mountaincutters et au caractère hybride de ce projet en particulier. En amont de l’exposition, les artistes ont effectué des recherches à Saint-Nazaire et ses alentours, puisant dans les ressources industrielles, mais aussi historiques et sensorielles des lieux. L’ensemble forme donc une sorte de « méta exposition » ou oeuvre d’art totale, qui permet d’appréhender de manière élargie leur oeuvre, mais aussi les fantômes qui la hantent. Il y est notamment question de destruction, de fusion, de fossiles, de tragédie, de réparation, de poésie et de politique, mais saisis dans un système non discursif, qui relève plutôt de l’ineffable, voire littéralement de l’ « innommable », soit : ce qui se refuse à être nommé.

Guillaume Désanges

Le Grand Café - St-Nazaire
Centre d'art contemporain

Place des Quatre z'horloges
44600 Saint-Nazaire

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