On y marche avec l’oreille (L’appel du terrain)

Date affichée
Du 12 octobre 2019 au 18 janvier 2020

On y marche avec l’oreille (L’appel du terrain)

Villa du Parc - Centre d'art contemporain

Visuel
 Lauren Tortil, Remaining Observant, marches sonores proposées dans différents lieux publics de Sao Paulo, novembre 2017
Lauren Tortil, Remaining Observant, marches sonores proposées dans différents lieux publics de Sao Paulo, novembre 2017

Le centre d’art contemporain la Villa du Parc à Annemasse (74) fait écho à la Biennale d’art contemporain de Lyon, « Là où les eaux se mêlent », en présentant une exposition de projets artistiques développés en circuits courts et dans des milieux exogènes à l’art. L’exposition collective « On y marche avec l’oreille » réunit les œuvres de huit artistes, produites en prise directe avec des terrains d’expérimentation variés et d’accès parfois difficile (qu’il s’agisse d’un site naturel, d’un groupe de personnes isolé, d’une entreprise privée, etc.). Le cadre de travail et son ressenti, le partage collectif d’expériences et la perméabilité des pratiques esthétiques et sociétales irriguent les œuvres exposées.

Le titre « On y marche avec l’oreille »[1] est emprunté à Michel Leiris, figure pionnière du rapprochement entre littérature et ethnologie, dont la démarche poétique et critique pose dès les années 1920 la question de la posture subjective de l’observateur dans l’enquête de terrain. Il anticipe, à sa manière très singulière, cette contiguïté des champs de l’art et des sciences humaines, zone grise qui n’a fait que s’élargir depuis, donnant lieu dans les années 1990 à ce qu’Hal Foster a qualifié de tournant ethnographique de l’art[2]. Tout en énonçant ce nouveau paradigme, le critique d’art américain en souligne toutefois les limites, s’interrogeant tant sur la position surplombante de l’enquêteur-artiste, qui demeure, que sur l’effectivité sociale et politique de ces pratiques.

Le cadre de recherche et ses présupposés sont en effet déterminants et nécessitent toujours d’être énoncés : les attentes mêlées des différents acteurs qui prennent part au projet, les conditions concrètes de l’enquête, la participation de personnes sur le terrain et leur engagement dans le processus de création, la restitution plastique et publique du travail sont autant de questions cruciales qu’il convient de poser et de préciser, et dont les modalités font aujourd’hui l’objet de réflexions renouvelées dans le champ de l’art[3].

La mise en mouvement par l’écoute que suggère le titre s’envisage doublement : elle renvoie à l’attitude de l’artiste dans la découverte et la perception d’un terrain où s’expriment des voix au sein d’un contexte social spécifique ; elle s’étend aussi à l’expérience et la perception des œuvres dans l’exposition, espaces de traduction et d’écart où s’affirme un enjeu esthétique. 

Le parcours dans l’exposition a été pensé depuis un environnement proche et local s’élargissant à des contextes apparemment plus isolés et/ou lointains. Le rez-de-chaussée présente des œuvres produites sur des sites à proximité de la Villa du Parc et qui sont liées aux spécificités socio-économiques de développement de ce territoire, via l’écoute de ses voies alpines (Sébastien Cabour & Pauline Delwaulle), industrielles (Joséphine Kaeppelin), et frontalières (Florent Meng). A l’étage, les œuvres résonnent des voix présentes et absentes perçues dans quelques lieux de contrainte, d’isolement et/ou de haute tension sociale dans lesquels les artistes ont résidé : hôpital psychiatrique (Sébastien Rémy), prisons et usine (Nicolas Daubanes) ou encore un site de production industrielle en Chine (Cao Fei). Pour se faire soi-même attentif aux sonorités du terrain, le dispositif acoustique de Lauren Tortil invite à tendre l’oreille dans l’espace d’exposition tout autant que dans l’espace public.

Exposition associée à la Biennale de Lyon 2019

[1] « Marrons sculptés pour Miro » dans « Mots sans mémoire », 1969, Editions Gallimard

[2] Hal Foster, «The Artist as Ethnographer ?”, 1995, in https://monoskop.org/images/8/87/Foster_Hal_1995_The_Artist_as_Ethnographer.pdf

[3] Voir à ce propos le livre Co-création (Céline Poulin / Marie Preston dir.), Cac Brétigny et Editions Empire, 2019.

Villa du parc
Parc Montessuit
12, rue de Genève
74100 Annemasse

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