Historique

DCA, 30 ans au service des centres d’art, des artistes et de la diffusion de la création contemporaine

 

Les années fondatrices

 

Quand d.c.a voit le jour en 1992, le secteur de l’art contemporain en France est encore peu structuré, beaucoup de lieux d’art contemporain créés dans les années 1980 à la faveur de la décentralisation culturelle n’entretenant entre eux que des liens informels. Formaliser ces liens est précisément l’objectif des fondateurs de d.c.a, figures emblématiques et engagées de l’art contemporain, parmi lesquelles Jean-Louis Maubant (1943-2010), Alain Julien-Laferrière ou encore Dominique Marchès. Il s’agit alors de disposer d’une organisation « pour traiter des problématiques communes » à celles et ceux qui sont les bâtisseurs des centres d’art contemporain, mais également de « convaincre les pouvoirs publics d’accorder plus de place à l’art vivant et à ses structures » et d’y sensibiliser un public toujours plus large, contre les contempteurs de la création contemporaine. Structuration professionnelle, interface politique, valorisation et promotion de l’art contemporain, voilà posées dès l’origine les grandes orientations d’un réseau nommé « Association des directeurs de centre d’art », et dont la constitution s’inscrit dans un contexte de regroupements et de mobilisations du secteur de l’art contemporain. Les initiateurs de d.c.a sont d’ailleurs parmi les fondateurs du Congrès interprofessionnel de l’art contemporain (CIPAC), qui se tient pour la première fois en novembre 1996.

Les premières années de d.c.a sont consacrées à des actions de sensibilisation menées avec le soutien du ministère de la Culture. Un ouvrage collectif est publié en 1994, Les centres d’art de A à Z (d.c.a/Flammarion), qui est tout autant un guide contenant « une foule de renseignements utiles sur l’histoire et la géographie souvent complexes de ces lieux » (Le Monde, 3 mars 1994) qu’un livre-manifeste « sur les fondements des programmes d’expositions, sur la philosophie de l’action culturelle, ou sur la question de la décentralisation ». En 1995, d.c.a édite également un Bulletin de l’art contemporain, qui comprendra trois numéros : « Centres d’art et publics : l’affaire de tous » (janvier 1995), « Les éditions des centres d’art » (août 1996), « Les publics : sensibilisation et formation » (novembre 1998). Dès cette époque, l’action de d.c.a s’inscrit aussi dans un contexte européen et international : en 1995, pour protester contre la suppression d’Aperto, une section de la Biennale de Venise dédiée à l’art émergent, les membres de d.c.a prennent l’initiative d’un programme commun d’expositions intitulé « Aperto » et auquel participent d’autres lieux en Europe.

 

L’évolution de DCA

 

Le milieu des années 2000 voit l’arrivée d’une nouvelle génération de directrices et de directeurs dans les centres d’art qui consolide l’organisation du réseau. Une gouvernance collégiale est notamment instituée par la constitution d’un bureau, une première salariée est recrutée. C’est également le moment où d.c.a change de nom pour signifier qu’il s’agit d’un réseau de structures et devient « l’Association française de développement des centres d’art » (l’adjectif « contemporain » sera ajouté plus tard, en 2015). Dans cette logique, le réseau s’élargit, accueillant de plus en plus de membres.

De nouvelles actions sont lancées, qui s’inscrivent dans les missions originelles de d.c.a. « Plein Soleil : l’été des centres d’art » propose en 2007 un parcours artistique estival dans une trentaine de centres d’art autour d’expositions inédites et de rencontres, de conférences, de concerts et de performances. Le succès est au rendez vous, et un ouvrage est édité en 2008 (Plein Soleil. Un été des centres d’art, d.c.a/analogues), qui se veut « un guide de référence pour appréhender l’art actuel », tandis que l’opération est renouvelée à l’été 2009, autour d’une centaine d’expositions cette fois, et sous des formes originales associant tourisme et création pour permettre des « balades créatives » à des milliers de visiteurs. À partir de 2007, un partenariat avec la FIAC, renouvelé chaque année jusqu’à aujourd’hui, permet également d’atteindre de nouveaux publics, en proposant des projections de films d’artistes (« FIAC Cinéma » de 2007 à 2010), des tables rondes et conférences (« La production d’œuvres d’art : nouveaux enjeux, contexte et acteurs au croisement du public et du privé », 2011 ; « Dans l’écosystème de l’art en Europe : analyse du rôle des centres d’art au cœur du réseau de production et de diffusion des œuvres », 2012 ; conférence de Maurizio Lazzarato, 2013 ; rencontre « Prepared Piano models for new ways of collaboration », 2014), et depuis 2015 des performances.

La dimension européenne de d.c.a s’affirme dans le même temps avec le montage de projets de coopérations bilatérales à dimension artistique : le projet Thermostat, en 2010-2011, a permis de réaliser plus d’une cinquantaine de manifestations en Allemagne et en France, en partenariats avec des Kunstverein ; le projet PIANO, plateforme curatoriale franco-italienne, s’est décliné en 2014-2016 sous la forme d’expositions, d’événements et de résidences croisées. En parallèle, d.c.a a également été partie prenante d’un programme d’échanges de directeurs et de commissaires d’expositions belges et français en 2014, tandis qu’entre 2013 et 2015, le magazine en ligne uncoupdedés.net publié par d.c.a pour célébrer la décentralisation culturelle a constitué un cadre permettant d’inviter plusieurs personnalités internationales pour revisiter l’action des centres d’art.

Dans sa mission d’interface politique, d.c.a a également mené à bien au cours des années 2010 plusieurs dossiers. Élaborée conjointement par le ministère de la Culture, la circulaire ministérielle du 9 mars 2011 relative au conventionnement des centres d’art a constitué un premier document-cadre important pour les centres d’art, réaffirmant leurs missions fondatrices et clarifiant les critères de reconnaissance de ces lieux par l’État ainsi que les modalités d’intervention de ce dernier dans le cadre de sa politique de soutien à la création sur l’ensemble du territoire.

 

DCA aujourd’hui : un réseau national de référence

 

Le réseau d.c.a est entré depuis quelques années dans une phase de renforcement et de développement dans les différents domaines d’intervention qui sont les siens. Il fédère aujourd’hui 51 centres d’art contemporain sur l’ensemble du territoire français en vue de favoriser l’accès à la création contemporaine de tous les publics, de contribuer au rayonnement national et international des centres d’art par l’organisation de manifestations en France et à l’étranger, et de valoriser l’action spécifique des centres d’art dans l’écosystème de l’art contemporain, en lien avec les écoles d’art, les collections publiques, les musées et les structures privées.

Les actions de promotion des centres d’art se poursuivent, qu’elles soient récurrentes (avec la FIAC) ou ponctuelles, par exemple dans le cadre de Nuit Blanche, à Paris (« Les centres d’art font leur cinéma », 2013 ; « Floating on air : une radio pour Nuit Blanche », 2016), ou à l’occasion des 40 ans du Centre Pompidou (« Les collections aux centres : 12 expériences curatoriales dans les centres d’art contemporain à partir des collections du Centre Pompidou », 2017). Par ailleurs, d.c.a développe actuellement une base de données en ligne des œuvres produites par les centres d’art, qui constituera à la fois un outil pour les professionnels et les collectionneurs, une ressource pédagogique pour les enseignants et les élèves, et une fenêtre ouverte sur la création pour tous les publics. Un programme autour des archives et l’histoire des centres d’art contemporain a également été initié en 2017.

À l’échelle internationale, tandis que les échanges s’amplifient avec d’autres partenaires européens (avec les Kunsthalle en Norvège depuis 2016, avec les centres d’art et structures équivalentes en Espagne et au Portugal depuis 2017), un projet de structuration européenne des centres d’art contemporain est actuellement en cours d’élaboration.

Dans le domaine de la structuration professionnelle, un Forum professionnel des centres d’art s’est tenu en juillet 2016 conviant l’ensemble des équipes des centres d’art pour partager expériences et pratiques innovantes, interroger les évolutions des métiers au sein des centres d’art, et plus généralement débattre du rôle des centres d’art dans la société d’aujourd’hui. L’organisation d’une journée professionnelle annuelle a été décidée lors de ce forum. La première édition a lieu en novembre 2017.

Enfin, le travail engagé pour l’élaboration de la circulaire de 2011 a été poursuivi en lien avec le ministère de la Culture : la Loi du 7 juillet 2016, relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine, en constitue l’aboutissement, avec la création d’un label « Centre d’art contemporain d’intérêt national », qui vise à renforcer les centres d’art et à en valoriser l’action. d.c.a a été associé à la rédaction des textes du décret du 28 mars 2017 et plus particulièrement de l'arrêté du 5 mai 2017 fixant le cahier des missions et des charges relatif au label « Centre d'art contemporain d'intérêt national ».

Avec chaque année 1,6 million de visiteurs, dont 200 000 scolaires, 2 000 artistes exposés et 1 000 œuvres produites, les centres d’art contemporain du réseau d.c.a constituent bien aujourd’hui un réseau national de référence au sein du champ des arts visuels.

 

Liza Szlezynger
Secrétaire générale de DCA (2015-2020)
 

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